« Alors que le sexe a cessé d'être subversif pour se muer en religion commerciale, le couple est devenu le tabou consacré. Aucune issue possible, nul chemin de traverse. Seuls, vous êtes une femme ou un homme mort(e). Le couple est une institution qui reste le baromètre infaillible pour mesurer le degré d'intégration d'un individu. Que faut-il voir dans cette obsession sinon un formidable lavage de cerveau faisant fric de tout bois, une exploitation de la détresse affective, un enjeu politique? À une autre époque, la lutte des classes remplissait les bistrots, les amphis. Au même moment, le couple volait en éclats, dernier bastion de l'idéologie bourgeoise. Aujourd'hui, on lui fait un triomphe. Le couple serait une promesse de bonheur. Il garantirait un itinéraire personnel réussi. Il assoirait une image politique. L'époque a les enjeux qu'elle se donne, le nôtre, c'est l'amour fonctionnaire. »
Bon l’auteur n’y va pas avec le dos de la cuillère à coups de métaphores fortes. Cela dit, elle dit des choses vraies aussi. Elle dénonce notamment cette norme imposée par la société qu’est la vie à deux. D’ailleurs, économiquement tout est calculé pour le couple. Une pression à laquelle il est difficile de résister. Ce que je lui reproche c’est qu’elle ne parle pas des couples heureux qui ne restent pas ensemble par habitude, pour l’argent, la sécurité ou les enfants. Ca existe quand même !
Morceaux choisis :
« Les amoureux sont devenus des épargnants, tant pis pour l’extase »
« Les mecs appellent ça le supermarché du cul. Pour les filles, c’est le seul point de chute. Meetic, leur dernière chance. Se faire baiser est pour elles le seul moyen de décrocher un mari »
« T’as trouve un mec ? me demande un de mes copains comme s’il dirait « tu as trouve un appart ? »
« L’idéologie du couple obligatoire. Les femmes seuls sont perçus soit comme des pauvres filles, soit comme des salopes ».
« La société fait payer les gens seuls en leur refusant l’accès au crédit immobilier, en les surtaxant financièrement, en les regardant de travers au restaurant. La société les punit en les obligeant à partager des apparts. »
« Ce n’est pas ce dont elle rêvait. Dieu merci, elle a eu des enfants.Ca rembourse tout le reste, la mutilation de n’être plus qu’une mère. Et restons ensemble, on a quand même construit quelque chose. »
« On peut rêver d’amour sans le rencontrer. Alors on se rabat sur ce qui y ressemble le plus : le couple. »
« C’est la rançon de l’intégration sociale. Le prix de la tranquillité. On n’imaginera jamais quelles concessions les gens sont prêts à faire pour préserver leur confort. »
« Bâtir d’abord, et si possible, jouir après, le but étant de jouir dans la prison que l’on a bâtie de nos propres mains. »